Tabac et dépression : synthèse des résultats de mon mémoire en tabacologie
La recherche scientifique a mis en évidence une relation entre la dépression et la consommation de tabac. Nous savons que les symptômes dépressifs sont surreprésentés chez les fumeurs et que les fumeurs dépressifs présentent un risque plus élevé de dépendance à la nicotine, une tendance à éprouver des symptômes de sevrage plus marqués et un taux de réussite à l’arrêt plus réduit.
Par ailleurs, nous savons que la perception des risques associés au sevrage (crainte de la prise de poids, du stress, des problèmes de concentration…) constitue une sérieuse barrière à la motivation à l’arrêt. En contrepartie, la perspective d’un bénéfice en termes d’estime de soi est associée positivement à la motivation à l’arrêt. De nouvelles stratégies thérapeutiques centrées sur ces pensées positives et négatives voient le jour.
Cette recherche a pour but d’examiner l’association entre la perception des risques et bénéfices associés au sevrage et la dépression chez les fumeurs. Sur base de l’analyse de questionnaires complétés par 95 fumeurs, nos résultats ont démontré que les fumeurs dépressifs se montrent plus pessimistes vis-à-vis des risques qu’ils pourraient encourir au moment du sevrage, principalement l’augmentation des affects négatifs, la baisse de concentration, la prise de poids et la pulsion à fumer. Ces croyances constituent de sérieuses barrières cognitives pour envisager l’arrêt du tabac. Avec un regard plus optimiste, nous avons constaté que les fumeurs dépressifs peuvent également prendre la mesure des larges bénéfices d’un sevrage tabagique, avec au premier plan les bénéfices en termes d’estime de soi.
Ces résultats soulignent l’importance de prendre en compte les perceptions positives et négatives liées au sevrage pour construire des interventions thérapeutiques individualisées en faveur des fumeurs dépressifs. Une prise en charge adéquate des fumeurs dépressifs apparaît d’autant plus essentielle qu’un risque de détérioration de l’état mental existe suite à des échecs répétés de sevrage.